Tristan, assistant blafard de Gérard Menratémoncoup

Je n'en fais pas tout un roman mais juste une petite histoire pour en arriver là :

Je m'appelle Tristan, je suis l'assistant de Gérard Menratémoncoup
lanceur de couteaux de profession mais aussi boucher juste après sa
représentation.

Gérard vient d'une grande famille du cirque, enfin quand je dis
grande famille du cirque, je prends des risques puisque son père,
sa mère et ses deux frères ont terminé leur brillante carrière d'artiste,
grâce à leurs dons,  dans des bocaux ou pour les étudiants des hôpitaux,
sur des tables d'opération où l'on s'amuse avec leurs plus grands morceaux,
car quand je vous parle de leurs dons, n'y voyez rien d'artistique mais organique,
c'est du don d'organes qu'il est question.

Son père était dresseur d'éléphant jusqu'au jour ou celui-ci en a eu assez
de se dresser et s'est empressé de le presser le pauvre pépé.
Les deux fils étaient trapézistes mais à force de travailler plus dans la
trappiste que sur la piste, elles se sont envolées, oui je dis "elles" car je
ne parle pas de ces deux fils de piste mais de leurs âmes d'artiste,
elles sont montées au 7ème ciel dès l'instant qu'ils ont décidé de faire
du hors-piste et de s'écraser lamentablement sur leur maman qui était
sur le côté là,  assise tranquillement sur un banc en attendant de faire
son tour de piste, ce jour-là on perdit non pas deux mais trois "artistes".

Gérard est donc le dernier de cette "grande lignée" et malheureusement
pour moi, quand la mort l'appelle il est tout le temps en retard.
Son vice à lui c'est le pinard, c'est à cause de ça qu'il est souvent dans
le brouillard. Il m'en a déjà fait voir le Gérard, je m'suis souvent retrouvé
sur un brancard, à deux doigts d'un p'tit tour en corbillard enfin quand je
dis à deux doigts ça reste à voir puisqu'il ne me reste plus rien au bout des mains.

Quand j'vous dis qu'il m'en a fait voir, je vous mens à moitié,
puisque j'ai perdu depuis mes débuts mon oeil droit ainsi qu'une
partie de ma mâchoire, des touffes de cheveux, une dizaine de doigts
et pour la petite touche artistique une oreille faisant de moi son homologue
 à Vincent Van Gogh.

Il aurait pu, à la sortie des églises, lancer du riz sur les couples
fraîchement unis ou lancer des compliments aux jeunes demoiselles
en leur disant qu'elles sont très belles ou alors lancer des bobards aux
vieilles cougars en leur racontant qu'elles sont toutes aussi belles que
ces jeunes demoiselles et que pour trouver l'amour il n'est jamais trop tard.
Mais non, malheureusement pour ma peau, Gérard a choisi de lancer des couteaux.

Avant de faire plaisir à ses poignards, j'ai d'abord fait plaisir
aux belles du soir car avant de me faire lifter de la tête aux pieds,
 j'étais un beau et fier gaillard et pour leur plaire je savais y faire.
Je proposais mon savoir-faire d'homme à tout faire à la ménagère,
mes bras ou mon derrière pour leurs piqûres aux infirmières et mes
bonnes manières ainsi que mon livret vert aux chics banquières.
Je me retrouvais d'abord entre leurs bras pour finir ensuite sous leurs draps de soie.
Elles me disaient tu m'plais tu sais, je leur répondais je sais je sais.

Mais tout cela c'est fini pour moi, fini de caracoler sur la plage
avec Miss Sahara, fini les cocktails et les bas de soie, y'a plus de
cocktails mais de l'alcool de pharmacie sur coton tige,  fini mon
sourire pub pour dentifrice, à la place sur mes joues de belles cicatrices,
Miss Sahara m'a planté là et m'a présenté sa cousine, Miss Sparadrap,
la seule maintenant qui veut bien de moi.
Je ne dors plus sous ses draps en soie mais sous ses sparadraps,
elle ne m'dit plus "tu m'plais tu sait"mais  "tu plaies tu saignes".

J'en ai ma claque de Gérard et de ses poignards, j'ai bien envie
de le planter là le ringard. Mais je ne peux pas le quitter comme ça
car entre lui et moi il y a un contrat sauf qu'une clause pourrait m'aider
et me tirer de ce mauvais pas. Si je me trouve un remplaçant et j'en ai un
tout trouvé, Thomas, vous savez le Thomas de Nabilla, il a l'air d'aimer ça
car après lui avoir donner un coup de couteau dans le bide, il l'aime toujours,
il ne lui en veut pas à sa Nabilla, il trouve cela plutôt torride, je vais l'appeler
et lui expliquer, qu'il saigne pour lui ou bien pour elle, la vie pour lui restera belle.

Je lui dirai "Que tu épluches des tomates pour te faire une bonne
bolognaise, peu importe sur quelles pâtes tu la verse, c'est la même chose,
c'est la même sauce tomate, tu comprends, c'est la même sauce Thomas !!".

Lien vers les poignards à Gérard :
http://www.7sur7.be/7s7/fr/1540/TV/article/detail/2172780/2015/01/06/Un-lanceur-de-couteaux-frappe-la-tete-de-son-assistant.dhtml

Lien vers mon remplaçant :
http://www.7sur7.be/7s7/fr/1526/Showbiz/article/detail/2171094/2015/01/05/Nabilla-et-Thomas-s-aiment-encore-la-preuve.dhtml